Kiev doit-elle être dans l'orbite de Moscou ? Un point de vue suisse sur l'Indépendance de l'Ukraine et de la Suisse. par Bernard Antoine Rouffaer (English version below) L'actuel régime russe a toujours affecté d'être inquiet de la progression de l'OTAN vers l'est, donc vers ses frontières. La menace représentée par la petite armée ukrainienne a justifié le déclenchement de son offensive militaire en février 2022. On connaît la suite. Dans ses relations avec l'Ukraine, nation ancienne mais pays nouvellement indépendant, la Russie, vieille puissance impérialiste a toujours recherché à établir un lien de sujétion, lien censé lui apporter un vaste glacis protecteur face à une OTAN dont l'agressivité supposée devait représenter un danger pour elle. Devant l'échec de ses tentatives de mainmise politique, Moscou a donc décidé, en 2014 et 2022, de passer à la manière forte. Je ne gloserai pas sur la pertinence du fait de déclencher, de manière certaine, une guerre afin d'en éviter une autre, probable... Revenons aux relations politiques entre Kiev et Moscou : la Russie étant la puissance naturellement dominante dans l'Est européen depuis la fin du 18e siècle, par sa masse, par son vaste complexe industriel et militaire, par sa tendance à l'impérialisme, la place de Kiev n'est-elle pas dans un statut de vassal de Moscou ? Les petits pays d'une zone géo-stratégique doivent-ils se soumettre naturellement aux grands ? L'Ukraine ne devrait-elle pas se satelliser humblement autour de la Russie ? Comme la Suisse autour de Bruxelles ? Car si la logique du pays suzerain et du pays vassal devait jouer pour le cas de l'Ukraine, alors elle devrait jouer aussi pour le cas de la Suisse. La petite Suisse peut-elle demeurer neutre et indépendante au cœur d'un Ouest européen dominé entièrement par l'Union européenne ? Sa place naturelle n'est-elle pas dans le sein de cette structure géopolitique, humblement rangée parmi les petits États vassaux de Bruxelles, mettant sa richesse et son industrie au service du grand dessein européiste ? Pourquoi s'accroche-t-elle ainsi à son indépendance et à sa neutralité ? N'est-elle pas un État ridiculement petit par rapport aux puissances de cette partie du monde, presque toutes obéissantes désormais au pouvoir de la nouvelle bureaucratie européiste de Bruxelles ? Comment ce pays, petit, enclavé, entièrement entouré de provinces de l'Union européenne, peut-elle réclamer encore le privilège de demeurer indépendant et, au moins en partie encore, libre ? Peut-être parce que la Suisse possède le même esprit d'indépendance qui anime la nation ukrainienne. Parce que la loi du plus fort n'est pas toujours la meilleure et que la volonté d'être libre est plus forte que les aspirations impérialistes des puissants. Après tout, la puissance dominante, en Suisse orientale, au 13e siècle, était celle des Habsbourg. Et les premiers Suisses, les Waldstatten, se sont bien levés, en armes, contre cette hégémonie afin de saisir leurs libertés. Ceux qui, en Suisse, demandent à l'Ukraine de se soumettre à Moscou, de se désarmer, d'accepter aujourd'hui l'amputation de son territoire, d'admettre, demain, une occupation militaire par la Russie, devraient songer au fait que cette logique pourrait s'appliquer, dans un futur proche, à leur propre patrie. Celui qui regarde aujourd'hui d’un œil favorable la volonté de domination de la Russie doit se préparer à accueillir demain les nouveaux baillis européistes venus régenter une Helvétie devenue vassale de Bruxelles. Sur le plan de la quête de l'indépendance et de la liberté, ce qui est bon pour l'Ukraine est bon pour la Suisse. Bernard Antoine Rouffaer Auteur, éditeur, cofondateur du parti politique suisse des Indépendants vaudois 5 avril 2025 |
Should Kyiv be in Moscow's orbit? A Swiss perspective on the independence of Switzerland and Ukraine. by Bernard Antoine Rouffaer The current Russian regime has always pretended to be concerned about NATO's eastward advance, and therefore towards its borders. The threat posed by the small Ukrainian army justified the launch of its military offensive in February 2022. We know the rest. In its relations with Ukraine, an ancient nation but a newly independent country, Russia, an old imperialist power, has always sought to establish a bond of subjection, a bond supposed to provide it with a vast protective shield against a NATO whose supposed aggressiveness must have represented a danger to it. Faced with the failure of its attempts at political control, Moscow therefore decided, in 2014 and 2022, to take strong measures. I will not dwell on the relevance of triggering, with certainty, a war in order to avoid another, probable one... Let's return to the political relations between Kyiv and Moscow: since Russia has been the naturally dominant power in Eastern Europe since the end of the 18th century, by virtue of its size, its vast industrial and military complex, and its tendency toward imperialism, isn't Kyiv's place in the status of a vassal of Moscow? Should small countries in a geostrategic zone naturally submit to large ones? Shouldn't Ukraine humbly orbit Russia? Like Switzerland orbits Brussels? Because if the logic of the suzerain country and the vassal country were to play in the case of Ukraine, then it should also play in the case of Switzerland. Can little Switzerland remain neutral and independent at the heart of a Western Europe dominated entirely by the European Union? Isn't its natural place within this geopolitical structure, humbly ranked among the small vassal states of Brussels, placing its wealth and industry at the service of the grand Europeanist design? Why does it cling so tightly to its independence and neutrality? Is it not a ridiculously small state compared to the powers in this part of the world, almost all of which are now obedient to the power of the new Europeanist bureaucracy in Brussels? How can this small, landlocked country, entirely surrounded by European Union provinces, still claim the privilege of remaining independent and, at least still partly, free? Perhaps because Switzerland possesses the same spirit of independence that drives the Ukrainian nation. Because the law of the strongest is not always the best, and the will to be free is stronger than the imperialist aspirations of the powerful. After all, the dominant power in Eastern Switzerland in the 13th century was the Habsburgs. And the first Swiss, the Waldstatten, rose up in arms against this hegemony in order to seize their freedoms. Those in Switzerland who are calling on Ukraine to submit to Moscow, to disarm, to accept the amputation of its territory today, and to admit a military occupation by Russia tomorrow, should consider that this logic could apply to their own homeland in the near future. Those who look favorably on Russia's desire for domination today must prepare to welcome tomorrow's new pro-European bailiffs who have come to rule a Switzerland that has become a vassal of Brussels. In terms of the quest for independence and freedom, what is good for Ukraine is good for Switzerland. Bernard Antoine Rouffaer Author, publisher, cofounder of the Swiss political party Les Indépendants vaudois 5.4.2025 |
LIENS: Retour à la page d'Accueil copyright @ Orbis Terrae 2025 |