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Coronavirus : des limites de l'autoritarisme
3.2020
La Suède achète américain
29.11.2017
Crise des missiles en Corée du Nord
28.7.2017
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Coronavirus : des limites de l'autoritarisme
par Bernard Antoine Rouffaer
Le coronavirus de Wuhan fait passer une vague d'angoisse sur le monde. Face à nos peurs, nous en venons à désirer des mesures fermes et énergiques. Le gouvernement chinois nous donne ce que nous réclamons : confinement de villes entières, surveillance de chaque citoyen susceptible d'être entré en contact avec le virus, contrôles partout, discipline, autorité, rigueur.
Cette attitude impressionne les Européens un peu mous et libéraux que nous sommes. Elle nous contente, elle nous rassure. Ce régime d'ordre, mobilisé jusqu'au dernier fonctionnaire pour lutter contre le fléau qui met en difficulté l'économie mondiale contraste avec l'apparence de désinvolture qui caractérise certains pays.
Avons-nous raison d'être si admiratifs ? Sommes-nous logiques lorsque nous envions aux régimes autoritaires ce genre de déploiement de force ? Peut-être pas.
Examinons ce qui s'est passé au début de l'épidémie de Covid-19 (nom de la maladie), dans la ville de Wuhan, en Chine, dans le courant des mois de décembre et de janvier. Début décembre 2019, à Wuhan, ville de 11 millions d'habitants, apparaît une série de cas pathologiques sérieux qui attire l'attention du corps médical. Après diverses analyses, les médecins locaux, le 21 décembre, constatent qu'ils ne parviennent pas à identifier l'agent pathogène, et qu'il peut s'agir d'un danger sérieux. D'autant que les personnes examinées sont les cas graves, et que d'autres cas, légers, doivent exister en ville, et donc répandre librement cet agent infectieux dans la population. Le 31 décembre la réalité leur apparaît : ce virus est nouveau (SARS-CoV-2). Ces médecins tentent d'alerter les autorités. Celles-ci réagissent de manière énergique : le 1e janvier, le réseau social WeChat censure les conversations ayant l'épidémie naissante pour objet. Le groupe de médecins de Wuhan qui a tenté de donner l'alarme est inquiété et surveillé par la police.
Le 9 janvier, un premier décès survient. Le gouverneur de Wuhan, néanmoins, soucieux de la bonne marche des affaires dans sa ville, autorise un banquet 40 000 couverts le 19 janvier. Des dizaines de milliers de personnes quittent ou gagnent la ville chaque jour. Le 22 janvier, l’État central, à Pékin se rend compte du danger que cette épidémie en expansion représente pour le pays : les ordres fusent enfin. Le 23, la ville de Wuhan, toute entière, est mise en quarantaine, isolée du reste du monde.
Il est trop tard : le virus se répand déjà un peu partout en Chine avec les voyageurs ayant quitté la cité avant l'instauration du blocus. Ne reste plus, alors, qu'à pourchasser la petite bête partout où elle se balade, se reproduisant autant qu'elle le peut avec l'aide involontaire des citoyens chinois... puis de ceux du reste du monde.
Conclusion : l’État chinois a réagi avec un mois de retard sur l'évolution de la situation. Face à un adversaire aussi implacable qu'un virus à diffusion aérosol, en plein hiver, une telle lenteur pardonne rarement. Résultat : l'économie du pays est à terre, celle du reste du monde ploie, les usines s'arrêtent, les bourses mondiales sont dans le rouge, et des milliards disparaissent chaque jour en fumée.
Une société plus ouverte aurait écouté les huit médecins de Wuhan, elle aurait compris leur inquiétude. La presse, au lieu de menacer les lanceurs d'alerte, aurait alerté les autorités et la population. Des mesures de sûretés auraient été prises rapidement. Des enquêtes auraient permis d'isoler les individus infectés. La ville de Wuhan aurait été isolée plus tôt, et le mal ne se serait pas répandu partout.
Nous parlons ici d'un coronavirus, mais l'étude de l'histoire des régimes autoritaires nous enseigne que ces derniers, face à une menace inédite, imprévue, réagissent presque toujours de la même manière : étouffement, censure, puis prise de conscience tardive et sur-réaction. Certains en sont mort.
Bernard Antoine Rouffaer
3.2020
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La Suède achète américain
La Suède a choisi le système antiaérien us Patriot au détriment du système franco-italien SAMP/T. L'Europe de la défense est déçue, on parle de pressions américaines, de manque de fiabilité suédoise, de coup porté à la solidarité européenne, ...
La décision suédoise ne me surprend pas.
Si le but de lachat est de doter le pays d'un système anti-aérien efficace provenant dun pays naturellement rival de l'ennemi potentiel de la Suède, soit la Russie, alors le choix du matériel us, du point de vue de la politique suédoise, se comprend. Même s'il est plus coûteux et pas plus efficace que le SAMP/T.
Il est clair que c'est la Russie qui inquiète Stockholm, que ce pays lui dispute l'espace baltique depuis la fin du XVIIe siècle, qu'il lui a enlevé l'actuelle Estonie, l'actuelle Lettonie, l'Ingrie et la Finlande, qui l'a menacé militairement de 1945 à 1990 et que le retour de l'idée d'une certaine puissance russe pousse naturellement cette capitale dans les bras du plus déterminé des compétiteurs de Moscou.
Et il ny a rien de surprenant à ce que des puissances elles aussi rivales de la Russie dans lEst européen, la Pologne et la Roumanie, fassent le même choix.
Car, quel est le pays voisin de la Russie qui n'a pas eu maille à partir avec l'Ours ? La Suède est son ennemie héréditaire en Scandinavie, la Norvège a été partiellement libérée/occupée en 1945, les États baltes occupés en 1940 puis en 1944-45, la Pologne fut l'ennemie héréditaire de Moscou jusqu'à son dépeçage et son inclusion dans l'empire des Tsars, l'Ukraine est aux prises avec les partisans de Moscou, la Roumanie fut l'alliée des Tsars jusqu'à leur chute puis l'adversaire de l'URSS jusqu'à son occupation en 1944-45, la Turquie est son ennemie héréditaire dans le sud, l'Iran lui a disputé le Caucase et l'Arménie, la Chine lui reproche sa saisie de larges pans de la Sibérie, la Corée faillit devenir un protectorat russe avant 1904 et le Japon a affronté militairement la Russie en 1904-1905, puis l'URSS en 1945.
Que la Russie fasse légitimement partie de la famille des États occidentaux, cela n'est pas contestable, mais que son voisinage soit de tout repos, non.
Bernard Antoine Rouffaer 29.11.2017
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Crise des missiles en Corée du Nord
Depuis la fin des années 80, la Corée du Nord conduit un programme nucléaire militaire. En parallèle, Pyongyang élabore une panoplie de missiles tactiques et stratégiques, dont les plus gros modèles sont à même de porter des armes nucléaires à de grandes distances. Forcément, cela inquiète un certain nombre de pays voisins, dont certains sont des ennemis idéologiques du régime nord-coréen. Les USA étant devenus le garant de l'indépendance de la Corée du Sud, et de son encrage dans le groupe des États libéraux, après 1945, prennent très au sérieux cette augmentation considérable du potentiel militaire de la Corée du Nord communiste. Le président Trump a récemment renforcé le potentiel militaire us dans et autour de la péninsule de Corée. Le 29 juillet 2017, Washington et Séoul, ont annoncé « étudier des options militaires » contre la Corée du Nord. Il est donc intéressant de s'interroger sur les formes et le déroulement possible de ces « options militaires ».
Il convient de ne jamais perdre de vue, quand on parle d'un affrontement militaire potentiel entre les deux Corées, du fait que la capitale de CdS, et grand centre économique, Séoul, se trouve très proche de la ligne de démarcation entre les deux pays. Son centre-ville est à 45 km de la frontière, donc à 50 km des premières positions d'artillerie nord-coréennes. Séoul compte quelque 10 millions d'habitants (25 millions dans son aire urbaine), elle abrite les sièges de plusieurs des plus importantes multinationales du monde (Hyundai, Samsung Electronics, SK, LG, ...).
Voici donc :
Kriegspiel:
La Corée du Nord fait un test de missile qui tourne mal (ou, ont le dit). Les USA décident d’intervenir pour limiter la capacité industrielle de la CdN (et sauver le monde). S’ensuit une série de raids aériens de précision et de vagues de missiles de croisière frappant les installations nucléaires et les centres de commandement et de communication de CdN. Pyongyang prend prétexte de la participation (passive) de la Corée du Sud à l’action américaine pour commencer le bombardement conventionnel (artillerie: tubes de 170 mm, roquettes et fusées) de Séoul. La CdS riposte. Les USA accentuent leurs bombardements et visent les positions d’artillerie de CdN le long de la frontière, ainsi que les bases aériennes de CdN. La CdS mobilise, une partie de la population civile de Séoul commence à évacuer, nombre d’entreprises ferment, début de crise économique. Duels d’artillerie de part et d’autre de la frontière, raids d’infanterie, pénétration de nageurs de combat et de sous-marins de CdN. Les USA s’en prennent aux bases navales de CdN. Pendant ce temps, Chine et Russie grondent de plus en plus fort (il en va de leur crédibilité politique). Ces puissances envoient des « observateurs militaires » sur place et poussent leurs armements. Menaces de la part de Pyongyang de faire usage de l’arme nucléaire en cas de poursuite des raids us. Normalement, à ce stade, tout le mode étant défoulé, la diplomatie devrait reprendre le dessus, la CdN échangeant l'abandon (presque...) complet de son programme nucléaire militaire contre une aide à la reconstruction et des accords économiques avantageux.
Bernard Antoine Rouffaer 28.7.2017
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